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Parviendrons-nous à laisser partir nos enfants?



Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le confinement nous épargne aujourd'hui tous les dangers du monde extérieur (pour ceux qui ont eu la chance de ne pas être gravement malades). Surtout, il met à l’abri ce que nous avons de plus cher : nos enfants. Ils sont à nos côtés à tout moment. Ils ne sont plus livrés au monde et à ses dangers. Nous n’avons plus peur qu’ils traversent la rue, qu’ils prennent les transports ou tombent dans la cour. Non, ils sont devant nos yeux à chaque instant. A portée de nos mains protectrices. Ils sont comme enfermés dans un coffre, une bulle impénétrable dont nous sommes les meilleurs gardiens.

Inconsciemment, nous devenons chaque jour de plus en plus dépendants à cette sécurité absolue.


A la veille d’un déconfinement annoncé, combien sommes-nous, finalement, à ne pas vouloir en sortir pour garder nos enfants près de nous ? Surtout dans un monde dont la violence et la dangerosité s’est rappelée à nous, nous les privilégiés d’un monde où tout paraissait tellement « sous contrôle ». Comment allons-nous gérer l’articulation entre (i) la conscience retrouvée de notre vulnérabilité et (ii) la sécurité absolue procurée par le confinement?

Il ne sera peut-être pas si aisé de « relâcher » nos enfants. Soyons en conscients et préparons-nous.


Il y aura un « confinement blues ».


Alors pour nous préparer au mieux, rappelons-nous que sans adversité, l’homme ne peut rien vivre et ne peut rien devenir. Les menaces extérieures sont indispensables à notre équilibre et à celui de nos enfants. Ils doivent tomber, se faire mal, puis avancer. Et nous nous devons de doser la sécurité que nous leur offrons pour les laisser, malgré tout, tomber pour apprendre et devenir.


Sénèque l’a si bien dit: « Il n’est d’arbre vigoureux et résistant que sans cesse battu par le vent : ce sont les secousses mêmes qui le consolident et fixent plus fermement ses racines. Ceux qui ont poussé dans des vallées bien exposées sont fragiles.»

Alors ne restons pas enfermés dans une fiction dangereuse dans laquelle nos enfants resteraient protégés, à nos côtés. A l’heure du déconfinement, laissons-les retrouver les dangers du monde pour les aider à vivre et devenir.

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